L'argent, on compte ou on ne compte pas?

La gestion de l’argent au sein du couple, en voilà encore un tabou! Il faut bien se l’avouer, combien n’ont pas évité la question lors des premières rencontres par peur de faire fuir l’autre, de paraître radin(e) ou égoïste. De manière idyllique, on préfère rester sur son petit nuage et on se dit que l’amour que l’on a l’un pour l’autre règlera ces petits détails. Et pourtant, c’est un peu comme éviter l’inévitable. Très vite, cette question s’imposera. Dès les premiers préparatifs, le sujet se devra d’être abordé pour savoir qui paie quoi ( la salle, le repas du mariage, les meubles, etc..). Puis une fois installés ensemble, reste à savoir qui paiera les factures, le loyer, les courses...

Souvent d’ailleurs, alors qu’il est considéré comme tabou au préalable, l’argent deviendra l’un des motifs les plus répandus de séparation. Il est à la base du conflit, mais causant sur son passage de nombreux conflits parallèles (jusqu'à atteindre l'intimité !) .

Une fois marié(e), c’est tout notre rapport à l’argent qui est questionné.  En plus d’avoir une signification qui va bien au-delà de la satisfaction des besoins immédiats, la façon dont il est géré par l’un et l’autre prend place déjà dans l’enfance et dans l’éducation reçue (abondance, privation, etc.).

Et puis, il y a les différents schémas de couple/de famille qui s’installent et qui impliquent parfois bien des paradoxes et des frustrations.


  • Il travaille et je suis femme au foyer, ai-je un droit de regard et d’utilisation sur son argent?

En consultations, j'ai pu observer que pour de nombreux hommes, l’entretien d’un foyer n’est pas un travail en tant que tel puisqu’il en est ainsi depuis la nuit des temps et qu’il renferme selon eux, un certain confort. Du coup, inconscients de cette réalité, la reconnaissance de ce travail domestique devient absente. Et pour cause, la société fait bien son travail!  A force de considérer que l’argent octroie le pouvoir, l’homme pourvoyeur, finit par se considérer comme étant le seul à entretenir cette famille pensant que sa fiche de paie est la source principale de valorisation. “ Je travaille, je ramène l’argent à la maison, je me sacrifie donc merci de bien vouloir m’être redevable, de m’accorder la reconnaissance nécessaire et de ne pas faire opposition à la façon dont je décide de gérer cet argent”. Je me rappelle de cette femme qui me racontait que fréquemment, son mari allait vérifier les dépenses du compte commun et lui demandait de se justifier sur l’un ou l’autre montant, même s'il s'agissait d'un achat pour les enfants. Il y a aussi cette femme âgée de 30 ans qui voit son mari épargner de l'argent sur un compte privé, chose qu'elle ne peut faire car étant sans revenus. Elle disait se sentir arnaquée ! Elle se sacrifie pour la famille, sans pour autant envisager l'avenir avec une sécurité financière...de quoi créer des conflits au quotidien, le tout inconsciemment.

Rétablir les choses dans un tel schéma relève du bien-être nécessaire et fondamental du couple. Le choix de rester au foyer pour s’occuper des enfants et de la gestion de la maison se doit d’être considéré, assumé et accepté par les deux conjoints. Il s'agit aussi d'un sacrifice de soi ! Les avantages et les inconvénients doivent être pris en compte.  Car oui, entretenir un foyer est un travail à part entière, et à temps plein. Adieu le repassage parfait des chemises, adieu les bons petits plats, adieu le ménage tous les jours. Pour d’autres avantages certes, le tout est de pouvoir les mesurer et apprécier ensemble, et qu'aucun ne se sente lésé


  • Je suis économe et il/elle est dépensie(è)r(e), comment me positionner?

Avouons-le, il y en a toujours un plus dépensier que l’autre. A cela rien de mal, sauf que cela a souvent tendance à exaspérer le plus économe des deux qui a l’impression de perdre le contrôle. Parce que oui, chercher à contrôler les dépenses de son conjoint (même si c’est son argent propre) relève bien souvent d’un besoin de maîtrise. L’un considère qu’il pourrait être mis de coté pour plus tard, pour les enfants ou pour une urgence, et l’autre n’attend que de pouvoir s’acheter ce qui lui ferait plaisir, car carpe diem

Dans ce type de situation, attention à ne pas s’étouffer l’un l’autre. Etablir un budget précis et laisser cette liberté et autonomie nécessaire à l’autre pour dépenser comme il l’entend est important. Ce qui est nécessaire pour l’un ne l’est pas pourl’autre...  

Enfin, ne pas prendre le temps de parler de ces questions et de mettre les choses au clair au préalable de manière à ce que le couple soit serein face à la gestion des comptes, créera rapidement des frictions et impactera la relation de confiance au quotidien, allant parfois jusqu’à de la retenue dans l’intimité. “ Mon/ma conjoint(e) ne cherche que l’épargne, peut-être assure t-il/elle ses arrières,ou encore cherche-il à me manipuler? Prendrait-il/elle ses précautions pour le jour où il/elle voudrait me quitter?”. Les témoignages abondants dans ce sens sont malheureusement bien trop nombreux et une meilleure gestion de la question éviterait tellement de dégâts.

La question des comptes séparés et/ou communs doit être mise sur table, avec un droit de regard ou non, le partage des cartes de banque et leur numéro ? "Jamais" diront certains, "évidemment!" Répondront d'autres.

Les mots d’ordre deviennent alors transparence et communication, le tout dans la plus grande bienveillance.

Rappelons nous que l'argent est un moyen, et non une fin en soi !